Cher Paul,
Je suis au sommet de mon art… Idiote, orgueilleuse, prétentieuse, arrogante et égoïste. Je sais qu’à toi il ne te plairait pas de me voire ainsi. Tu me dirais encore une fois que je gâche ce que je suis en réalité. J’aimerais tant t’avoir près de moi pour t’entendre dire ces mots là et pour que je puisse te répondre que la vie n’est qu’un jeu et qu’il faut simplement apprécier y jouer. Je rends ainsi à la vie ce qu’elle me donne. Elle me donne l’insupportable, je lui rends l’insupportable. L’insupportable aujourd’hui c’est d’être si loin de toi et de savoir que je ne te reverrais pas avant très longtemps ! Mon père se plait ici. Il m’a même annoncé qu’il comptait vendre le manoir. Tu comprends aussi bien que moi ce que cela veut dire.
Au fond je suis lucide ! Dans un an on ne s’écrira plus et dans deux on ne s’aimera même plus. En tout cas pour le moment je me sens moins seule car tu es tout de même toujours là, près de moi. Je rêve que je suis encore près de toi et que nous nous disputons comme nous nous disputions lorsque nous avions sept ans. Je rêve que je te raconte ce que je pense et ce que je désire sans gêne et sans honte. Je rêve de nos soirées à la belle étoile où nous étions seuls au monde... Enfin bref, je rêve et ce ne sont que des rêves.
J’ai besoin de toi,
Raiza
Raiza relut sa lettre une dernière fois. Elle l'accrocha ensuite à la patte d'un des hiboux de l'école. Elle avait besoin d'un hiboux solide pour aller jusqu'en France... Elle l'envoya dans les airs en éspèrant qu'elle ressevrait très vite une réponse.
Comme tout là bas lui manquait ! Et surtout Paul ! Elle avait tant besoin qu'il soit près d'elle ! Son Paul... C'était la seule personne qui la connaissait ! Il devinait toujours tout ! Mais là, par une simple lettre pouvait-il comprendre jusqu'à quelle point il lui manquait! Oui, il comprendrait certainement mais ça n'y changerait rien...
Fatiguée d'avoir sans cesse des pensées si triste elle s'assit dans un coin de la volière et regarda son hibou disparaitre dans les airs...